Il n’y a pas de mot au Scrabble pour dire à quel point je suis désolée.
Auteur
E. Lockhart
Éditions
Gallimard
Année de sortie
2015
Nombre de pages
273
Résumé
Une famille belle et distinguée. Une île privée.
Une fille brillante, blessée ; un garçon passionné, engagé.
Un groupe de quatre adolescents – les Menteurs – dont l’amitié sera destructrice.
Une révolution. Un accident. Un secret.
Mensonges sur mensonges.
Le grand amour. La vérité.
Mon avis
Tous les étés, Prudence passe ses vacances d’étés sur l’île privée de son grand-père, avec ses cousins Mirren et Johnny ainsi que Gat. Son grand-père est riche et fière d’être un Sinclair. Il en est de même pour ses trois filles qui mènent des vies parfaites : grandes maisons, riche mobilier, œuvres d’art…
Mais l’été quinze, tout bascule : elle a un accident. Par la suite elle est sujette à de violentes migraines accompagnées d’une forte amnésie à propos de cet été là.
Elle passe l’été seize en voyage en Europe avec son père. Elle ne revient donc sur l’île qu’à l’été dix-sept. plein de changements, des secrets, on ne lui dit pas tout
D’un bout à l’autre elle sent que quelque chose a changé, mais comme elle ne se souvient pas, on ne sait pas et personne ne dit rien.
Dans cette riche famille, au final, tout n’est qu’apparences : même si tout va de travers, faire semblant que tout va bien. Les divorces ne sont dû qu’à des hommes qui n’étaient pas à la hauteur de la famille, les belles situations cachent les échecs de chacune, les personnes de couleur sont mal acceptés…
À plusieurs reprises, elle réécrit un conte à sa manière : Il était une fois un roi qui avait trois filles d’une très grande beauté… Par ce biais elle critique l’apparence parfaite de sa famille qui cache chacun de ses défauts, erreurs et problèmes.
Pour l’héroïne, Mirren est la personne la plus gentille qu’elle connaisse, son cousin Johnny est fougueux et plein de vie. Gat est curieux mais surtout, depuis l’été quatorze, il lui plait beaucoup. Une relation va se nouer entre eux malgré certains obstacles. Je n’ai pas très bien saisi pourquoi elle les nomme les Menteurs mais ensemble il forment une joyeuse bande d’adolescents rebelles durant le temps des vacances.
Excepté les souvenirs de Prudence, toute l’histoire se déroule sur l’île, comme un huis clos à ciel ouvert.
Elle retrouve la mémoire petit à petit jusqu’à se souvenir de tout. On nous distille donc des indices, des pistes, de petits éléments de réponse mais par (toutes) petites doses jusqu’à l’éclatement de la vérité.
À la lecture, on se prend des émotions plein la figure, on est tiraillé entre la tendresse, la culpabilité, la douleur, l’incompréhension, le mépris et la compassion pour tous ces personnages. Ils sont extrêmement complexes et très réalistes. J’ai été tout particulièrement sensible à la douleur, l’isolement de l’héroïne.
Le récit est très bien écrit et construit, malgré un léger sentiment de malaise vis à vis de l’accident et de la perte de mémoire de l’héroïne, il m’a été impossible de lâcher le livre avant d’avoir eu le fin mot de cette histoire.
Un petit mot sur la fin du roman : on ne peut pas la voir venir et plus le récit nous en apprend, plus on reste étourdi et abasourdi.
J’ai eu des difficultés à écrire cette chronique car j’ai apprécié la lecture mais pourtant mon ressenti reste mitigé, comme un met que l’on apprécie sur le moment mais laisse une certaine amertume en bouche.